Par conception même, le véhicule militaire a une vocation très ciblée, et s’il lui arrive d’être polyvalent, c’est quand même dans un secteur restreint et loin du civil. Du moins pendant les phases 1 et 2 de son existence. Lorsqu’il arrive en phase 3, en clair à l’heure de la réforme, il y a plusieurs possibilités.
Il y a certes les collectionneurs mais ce n’est pas l’option dominante. Il y a en revanche la mort plus ou moins lente par divers chemins, allant de la démolition musclée pour récupération des composants, jusqu’à l’oxydation patiente par oubli ou sévices divers, et c’est le cas le plus fréquent.
Et puis il y a le recyclage utilitaire dont le plus évident exemple est la pérennité de ces fameuses “jeepneys” d’Indonésie, descendants de Mac Arthur. Il y a certes le côté ludique, mais c’est plus généralement dans un souci d’utilisation pratique : on a vu des générations de dépanneuses issues d’engins guerriers bidouillés. Ainsi ai-je le souvenir lointain d’un engin de dépannage sur la RN7 du côté de St Maximin en Provence qui n’était autre qu’une auto blindée Ford M-20 à six roues, sur laquelle avait été greffée une belle chèvre en tuyaux de chauffage. Ou bien d’un homme dans les Deux-Sèvres qui installait des derricks mobiles de pompes ou d’éoliennes sur des embases de Sherman allégées de tout blindage. Ou de ces Studebaker “M-29 Weasels” qui firent le succès des expéditions polaires de P.-E. Victor.
Voici quelques-unes de ces curiosités nées de vocations détournées. Si vous en connaissez d’autres, faites-nous profiter !